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Un US Dollar qui souffle le chaud et le froid !

Le quotidien " le monde " du 5 février courant s’interrogeait sur la menace d’éclatement qui pèse sur la zone Euro, relevant au passage le recul sur les marchés de change de la monnaie unique Européenne par rapport au Dollar US. Et pour cause, un niveau d’endettement trop élevé pour une croissance qui bât de l’aile dans la zone Euro, particulièrement pour la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Et le "monde " de préciser que devant la défiance des investisseurs, la Grèce doit aujourd’hui contracter des emprunts sur 10 ans au taux de 6,7% en cédant, contrainte, au paiement d’une prime de risque de 3,6%, trop élevée par rapport à la référence du marché. Cependant, selon deux éminents économistes Paul Krugman et Noubel Rouimi, ce sont les difficultés Espagnoles qui pourraient se traduire en désastre Européen du fait que l’Espagne représente la quatrième puissance économique de la zone euro. C’est ainsi que le " monde " explique la dépréciation de l’euro par rapport au dollar. Néanmoins, un paradoxe criant nous interpelle mais le "monde" y est passé outre. En effet, le dollar reprend la main à l’Euro malgré que les USA affichent des niveaux consolidés de dettes et de déficits bien supérieurs à ceux enregistrés par le vieux continent. Au 9 févr.-10, le déficit public de l’Amérique s’élève à US$ 1,4 tln et l’endettement à US$ 12,4 tln, soit respectivement 10% & 85% de leur PIB. Les agrégats financiers n’expliquent donc pas tout. Ils sont pondérés par des facteurs non économiques telle la confiance des investisseurs dans le dollar, lui conférant, ce faisant son statut de valeur refuge. Une confiance qui découle du mode d’organisation, de gouvernance et de la puissante intégration de l’économie des USA. En effet, nonobstant leur statut fédéral- en fait une sorte de régionalisation élargie- aux USA, les principaux ressorts du pouvoir- la défense, les affaires étrangères et la monnaie- sont domiciliés à la Maison Blanche, au Capitole et au Federal Reserve (Fed). Autrement dit, le pouvoir des décisions stratégiques appartient à l’Etat fédéral. Ce donne toute son harmonie au fonctionnement de l’Union Américaine. Quid de l’Union Européenne ? Elle demeure, quoi qu’on en dise un conglomérat d’Etats avec 27 politiques différentes, que ce soit sur l’agriculture, la défense, la protection sociale ou encore les affaires étrangères. C’est dire que Bruxelles, le siège de l’Union, n’a pas de véritables pouvoir..

Faudrait-il le rappeler, le billet vert a perdu 30% de sa valeur par rapport à l’Euro, rien que sur les deux dernières années ? Est-ce à dire, pour autant, que l’Euro s’est renchéri parce qu’il est devenu plus fort que le dollar ? Tant s’en faut, puisque les experts obligataires conseillent de se " tenir à l’écart de l’Euro ". Et ils ont raison, car la dépréciation "administrée" ou " fine tuning " du cours de l’US$ par le Fed fait de lui une redoutable arme contre les monnaies qui montreraient quelques velléités de défi à son hégémonie. En effet, un Dollar faible rendra, ipso facto, cher l’Euro, donc le pénalise, en permettant aux USA de stimuler leurs exportations, au détriment de celles de l’UE.

Force est de constater que depuis l’administration G.W.Bush et particulièrement depuis l’invasion de l’Iraq et de l’Afghanistan, la stratégie monétaire USA consiste à privilégier un dollar, à taux faible, pour neutraliser l’excédent des revenus de l’OPEC né de la flambée du cours du pétrole, stimuler les exportations, dissuader les bailleurs de fonds d’appeler leurs crédits. On s’en souvient, le dollar, depuis 2003, a perdu 50% de sa valeur par rapport à l’euro. En réaction, n’avions-nous pas entendu le commissaire Européen aux finances se plaindre, l’année dernière, de la cherté de l’euro par rapport au dollar, en mettant à la vindicte la politique monétaire Américaine, l’accusant de velléités de sape de l’économie Européenne ?

Le retournement de situation enregistré aujourd’hui par le dollar vs euro demeure l’exception. Il trouve son origine d’une part dans la spéculation boursière et d’autres parts dans cette politique de " fine tuning " du cours du dollar qu’opère le Fed pour donner une bouffée d’oxygène à une économie Européenne mise à mal par les effets de la crise. Certes, les USA n’accepteront jamais une Europe forte, mais ils n’accepteront pas non plus que l’ Europe- leur principale alliée- en arrive au désastre économique. N’a-t-on pas vu, il y a trois jours comment les USA se sont empressés pour appeler le FMI à la rescousse des pays Européens en difficultés ? L’Union Européenne a décliné, probablement par orgueil enflé, la mise à contribution du FMI. Mais pour combien de temps fera-t-elle de la résistance? Faible ou fort, le dollar ne reste-t-il pas la monnaie globalisée qui donne la mesure à toutes les autres et ce, depuis et en vertu de la décision régalienne de Richard Nixon de dissocier la parité du dollar de l’étalon or, un déjà lointain 15 août 1971?

                                                                                Mostafa Melgou



17/02/2010
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