zankana

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Sarkozy et son projet d’union avec le Maghreb.

Nicolas Sarkozy est en tournée en Algérie et en Tunisie où il a été reçu en pompe. Sa visite au Maroc a été reportée probablement au mois d'octobre prochain. Objectif affiché : proposer un projet d'union avec ces pays du Sud du bassin Méditerranéen, chacun pris séparément. Objectifs collatéraux, qui demeurent les plus importants outre mesure : neutraliser l'influence grandissante des USA sur le continent, maintenir dans le giron et renforcer l'arrimage économico-financier de ces pays à la France, faire de ces pays sur le flanc de l'Europe des vigiles contre le terrorisme. Objectif inavoué : L'affirmation du soi. Sarkozy cherche à se démarquer, en terme de style de gestion, de son prédécesseur Chirac, qui privilégiait la personnalisation des relations avec les gouvernants et le copinage. Sarkozy, lui, est plutôt enclin à agir en tant que chef de l'Etat français et prouver à ses compatriotes qu'il était le messie promis pour diriger et sauver la France de ses " éléphants ". C'est dire que Sarkozy a déjà l'œil sur un deuxième mandat, qu'il estime être le seul à même de le briguer.

Si la France a tout à gagner dans ce projet d'union, qu'en est-il de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc ?.

Citoyen de ce dernier pays je reste très sceptique quant à la résurgence d'une relation " win win ", dans le cadre de cette union et pour cause : Les retombées peu probantes des différents traités d'association conclus entre le Maroc et la France ou l'Union Européenne. Car Ils consacrent des rapports " dominants/ dominés " ou mieux encore des rapports " centre/ périphérie " qui ne font que renforcer la dépendance économico-financière et l'aliénation politico-culturelle. Bien entendu les oligarques, les ploutocrates et les Kleptocrates locaux trouvent leurs comptes dans ce genre de  partenariat  inégal, en rémunération de leurs services de métayage rendus au centre, par l'asservissement politique et la rapine économique de tout un pays tenu en laisse. Le deuxième argument qui me rend suspicieux quant à l'efficience de ce projet d'union, réside dans l'idéologie portée par Nicolas Sarkozy, nonobstant le pragmatisme qu'il affiche. Ses relents islamophobes et xénophobes avérés lors de sa campagne présidentielle, ne sont plus à démontrer.

Les euphémismes employés par Sarkozy tels : Islam Français ou modéré, ou immigration sélective ou ses déclarations sur l'Europe qui reste une terre et berceau de la civilisation judéo-chrétienne, où la Turquie musulmane n'a pas de place, ne me dissuadent nullement de ma position.

Je n'ai rien contre Nicolas Sarkozy, l'homme, qui a bien réussi son intégration en France et y avait fait une ascension professionnelle fulgurante, lui, qui est d'origine doublement étrangère aussi bien du côté paternel que maternel.

Pour autant, peut-on continuer à dédouaner nos gouvernants en jetant toujours l'opprobre sur l'autre, comme étant à l'origine de nos déboires ? Non, car nos gouvernants prêtent le flanc et affichent des prédispositions inouïes à la vassalité, pour le seul amour d'un pouvoir jamais assouvi, mais au bout du compte fictif. Cette résignation au " Suzerain " du centre n'a d'égale que leur opiniâtreté à combattre pour moult raison toute velléité d'union maghrébine, qui demeure à mon sens prioritaire, voire constitue le gage de réussite de toutes autres entreprises unionistes.

Faut-il le rappeler, l'Union Européenne a entamé dans les années soixante son projet unioniste à partir du vieux continent de l'ouest, pour l'élargir aujourd'hui à l'Europe de l'Est , avec un dessein inavoué de faire le contrepoids à l'hégémonie américaine.

Quant aux gouvernants maghrébins, ils préfèrent se mettre dans la gueule du loup, à travers des alliances contre nature, au mépris et détriment d'union prioritaire que le déterminisme historique et le destin commun commandent. La priorité, aujourd'hui est de ressusciter l'Union du Maghreb Arabe (UMA), car charité bien ordonnée commence par soi même, à moins que le ver ne soit dans l'api.

Faut-il encore le rappeler , ne serait-ce pas notre amie l'Europe- qui clame aujourd'hui à cor et à cri les valeurs de la démocratie et exhorte les maghrébins à l'union- qui avait crée dans le chaos, par son colonialisme, ces Etats Nations et ces souverainismes fratricides et liberticides ? Ne serait-ce pas elle, qui avait imposé le principe de " l'intangibilité des frontières ", pour empêcher toute velléité à l'union des ex-colonies, au lendemain de leur indépendance ? Ne serait-ce pas elle, et de façon insidieuse , qui divise, au mieux de ses intérêts, les maghrébins pour les maintenir, en chasses gardées économico- financières.? Ne serait-ce pas elle, qui prêche l'unionisme des Etats Maghrébins, au niveau du discours et alimente leurs particularismes, au niveau des actes, dans une ambivalence criarde ?

                                                                    Mostafa Melgou



11/07/2007
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