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Printemps Arabe: le contexte

 

Cequi est communément appelé aujourd’hui « printemps Arabe » et référencé en jours calendaires représente un tournant historique dans la pensée Arabe contemporaine et interpellera sociologues et politologues pour se pencher sérieusement sur ce mouvement de sursaut qui semble n’exclure aucun pays du monde Arabe. Bien entendu l’expression de ce réveil n’est et ne doit pas être
la même pour tous les pays Arabes compte tenu des différences de contexte. C’est la Tunisie qui a ouvert le bal un quinze janvier de l’année encours suivie de l’Egypte le vingt cinq du même mois puis de la Libye le dix sept février, le reste s’inscrivant sur la liste d’attente. Ce qui me paraît important ici ce sont les raisons de cette colère Arabe. La plus importante de ces raison réside
dans le fait que le pouvoir dans les pays précités s’est aliéné en le phagocytant
tout  l’appareil de l’Etat pour le mettre au service de la famille du seul homme, le chef de l’Etat jouant le rôle de noyau dur d’une minorité mafieuse « tahaleb » gravitant autour d’un « Parrain» ou Raïs. En Tunisie qui est pourtant une république Zine était désignée par l’entourage flagorneur comme étant le « bâtisseur», sans lequel point de salut. En Egypte pourtant régime républicain Moubarak règne en Raïs et envisageait de passer le témoin à son fils Jamal. En Libye, Mouammar
transcende l’Etat ; c’est un Zaïm, un guide de la révolution du premier Septembre. Il dit ne pas avoir de pouvoir et que celui-ci est entre les mains du peuple via les ligues populaires. La réalité est tout autre. En Syrie, c’est un parti unique, le Baath et plus précisément son politburo qui guide le Nation à l’exclusion de toute autre sensibilité politique, le reste n’étant que décor. Le « common ground » entre tous ces pays est que l’Etat se confond dans le chef de l’Etat selon la célèbre formule Napoléonienne « l’Etat c’est moi et moi c’est l’Etat». Quant aux partis politiques, le PND en Egypte
ou le RCD en Tunisie, il ne s’agit pas de partis au pouvoir mais bien plus; ce sont des partis du pouvoir. Non plus, il ne s’agit pas de régimes républicains mais plutôt de régime joumlouki (par référence à Joumloukia et non pas à Joumhouria). Régimes tronqués s’il en est. Qu’en est-il de notre pays? Vous conviendrez avec moi que le Maroc n’est pas du tout dans le schéma ni de la Tunisie, ni de l’Egypte et encore moins dans celui de la Libye, de la Syrie ou du lointain Yemen « Assaïd ». D’abord il faut rappeler que le Maroc est dans le schéma parfait d’une monarchie constitutionnelle et sociale. Celle-ci  a l’avantage de bénéficier d’une double légitimité, populaire et historique. De plus notre pays dispose bel et bien d’institutions qui, nonobstant quelques carences opératoires, demeurent perfectibles. Enfin, force est de reconnaître que depuis 1996, notre pays a procédé à quelques percées sur la voie de la normalité démocratique. Et, justement, le mérite du mouvement févriériste de chez nous a été bien d’envoyer un message fort au Roi pour relancer le chantier
des réformes requises- quelque peu tassées depuis 2002- pour mettre à niveau le pouvoir politique conformément aux mutations sociétales et aux aspirations des citoyens. Le souverain a vite et favorablement réagi à aux doléances des fiévriéristes par son discours du 9 mars où il a annoncé une batterie de réformes ayant trait à la constitution et à la régionalisation ou encore la mise
en place  du conseil économique et social (CES). C’est dire que notre printemps à nous a bien fait éclore et l’ «outcome» est tangible : des pouvoirs plus étendus sont conférés au premier ministre qui émergera de la majorité, une régionalisation avancée et des élections anticipées pour l’automne prochain. Il me semble qu’il n’est plus opportun de continuer à manifester tous les dimanches sur la place publique, sauf à vouloir coûte que coûte par mimétisme et contrairement à la raison aligner et inscrire notre pays dans le registre de la Tunisie ou l’Egypte et autre Libye. Tant s’en faut. De plus, il est peut-être pertinent de rappeler que dans les pays où la « révolution » a été consommée, les perspectives et les effets du changement ne sont pas encore acquis avec en prime des dommages économiques collatéraux qui se feront sentir sur plusieurs années à venir. A noter sur ce registre que les USA ont dit faire des dons (prime à la démocratie) en milliards à la Tunisie et à l’Egypte pour rééquilibrer leurs finances publiques.

Les véritables défis du Maroc ne sont pas dans les textes. Ils ont pour noms l’analphabétisme, le chômage des jeunes diplômés, les situations de rente, l’évasion fiscale, l’économie d’aubaine (les hmizat), ces « agréments » de petits taxis, une administration pléthorique, l’emploi honteux et abusif sous contrat ANAPEC ou la traite des sociétés d’Intérim…etc.

L’élite intellectuelle, les partis politiques, la société civile doivent par acquis citoyen engager leur propre printemps ( réveil) pour être à l’avant-garde d’une révolution culturelle dans la sérénité embrassant tous les panels de la société gouvernants et gouvernés pour les Marocains que nous voudrions être demain.

Le mot de la fin : la modernité précède la démocratie et la gouvernance le gouvernement.

                                                                           
Mostafa Melgou                       

 

                                                                  



02/07/2011
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