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Prélude à la stabilité de la zone Euro?

Les mesures budgétaires draconiennes et les plans d’austérité peuvent-ils être la solution à la tension qui prévaut actuellement dans la zone Euro ? Nul doute que de telles mesures sont nécessaires, mais elles demeurent insuffisantes. Pour rétablir la stabilité dans la zone Euro trois conditions doivent être réunies. Les États de l’Europe méridionale doivent booster leur taux de croissance économique; ceux de l’Europe septentrionale, notamment l’Allemagne doivent renforcer la demande domestique et réduire le niveau de leurs excédents commerciaux et de leurs comptes courants intra-zone Euro. De même qu’il est aujourd’hui nécessaire d’opérer une plus grande intégration- troisième condition- des institutions Européennes, en vue de parvenir à une politique Européenne commune sur tous les plans, monétaire, budgétaire et des termes de l’échange. En dehors de se schéma, point de salut. Mais à ce jour les États de l’UE n’ont pas tous adhéré à l’impératif de l’intégration institutionnelle ni à celui de l’équilibre des rapports de l’échange intra-groupe. Ils se contentent d’expédients de circonstance- rigueur budgétaire et perfusion monétaire- pour gérer la crise, en laissant entier le problème de fond à savoir le développement inégal intra-zone Euro.

Pour le cas précis de la Grèce, force est de reconnaître que la gestion économique de ce pays a été faite de façon assez prodigue, n’ayant pas su tirer le meilleur parti du refinancement économique offert par la monnaie unique. Il en est de même de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal qui considéraient que leur appartenance à la zone Euro et que la monnaie unique suffisent à les prémunir contre les soubresauts et les crises. Ils oublient que la monnaie unique a aussi son revers. C’est qu’elle requiert beaucoup de flexibilité sur les marchés, intra-zone, des biens, des services et du travail. La conséquence de ce manque de flexibilité et d’harmonie s’est traduite par une perte de compétitivité des économies de l’Europe méridionale et son corollaire une faible croissance, conjuguée à des déficits budgétaires intenables.

Le gouvernement Allemand reproche au gouvernement Grec sa prodigalité dans la gestion des affaires, et lui recommande de procéder à des coupes drastiques sur les dépenses et salaires pour conforter sa position budgétaire et rendre plus compétitive ses offres exportables sur la zone Euro. Mais la recette Allemande ne constitue pas le remède idoine. Car il est impossible que tous les pays européens agissent simultanément et de la même façon que l’Allemagne, dont le modèle de croissance sur les quinze dernières années a été bâti sur la trilogie de bas salaires avec son corollaire une faible demande domestique et sur la compétitivité à l’export. Le succès du modèle Allemand a été rendu possible parce justement il n’a pas été suivi par les États de l’Europe méridionale qui dépensaient sans compter, au mépris des équilibres budgétaires de leur pays. Imaginons un instant si le modèle Allemand avait été repris par les autres pays Européens, la conséquence n’en serait que plus lourde soit une crise globalisée donc plus dévastatrice, avec des mesures d’austérité encore plus douloureuse avec des réductions de salaires à qui mieux- mieux et une paupérisation des masses. Qu’on ne se méprenne pas, la force de l’économie Allemande réside dans les bas salaires et la faiblesse chronique de la demande intérieure plus que l’envergure de son export, dont les 3/5ème sont réalisés dans la zone Euro. Or doit-on le rappeler, l’objectif de toute activité économique demeure la promotion de la consommation et du bien-être des classes moyennes ?

Les réformes finéconomiques que demandent aujourd’hui l’Allemagne à ses partenaires de la zone Euro auront inévitablement des répercussions sur son propre modèle de croissance orientée export, d’autant que la faible croissance ou la récession retardent les effets escomptés des plans d’austérité et pour cause le débit au ralenti de la cadence.

La zone Euro a besoin aujourd’hui d’une plus grande intégration des institutions, laquelle reste le seul moyen pour réussir la solidarité budgétaire de l’UE où les économies faibles se diluent dans les économies fortes. Le tout sous le nom générique du développement égal ( inégal aujourd’hui) de l’espace Européen.

L’alternative proposée à la Grèce aujourd’hui jugulera les signes apparents de la crise mais ne s’attaquera pas à ses causes profondes. De même qu’un Fonds Monétaire Européen (FME) aide à gérer la crise " on the spot " mais pas n’évitera pas qu’elle resurgisse dans le futur.

Si l’Allemagne campe sur ses positions actuelles de la discipline budgétaire et de l’austérité, l’Europe méridionale continuera de s’embourber dans les déficits qui risquent de s’étendre même à la France. Et c’est toute l’UE qui s’en ressentira, l’Allemagne comprise qui ne trouvera plus preneur Européen de ses exportations. Et ce sera l’effondrement de tout le modèle Européen de l’UNION.

L’Europe a besoin aujourd’hui d’une autre gouvernance économique qui consistera à démêler l’écheveau du développement inégal par des actions à prendre autant par les pays excédentaires que déficitaires.

                                                                                      Mostafa Melgou



18/05/2010
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