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Logement social : Ce ne peut être l’affaire du seul Etat !

Un logement social est par définition un logement destiné aux couches les plus démunies de la population, qui sont financièrement incapables de se payer un logement sur le " free market " . Il est conçu pour supplanter l'habitat insalubre dont principalement les bidonvilles, l'habitat non réglementaire ou clandestin. Ces trois catégories constituent ensemble une part importante du parc urbain. Selon des estimations, pas moins de 2 millions de ménages- une population de six millions- occupent des logements "sommaires ou bidonvilles", soit 20% des ménages urbains. Le dénombrement des quartiers d'habitat clandestin fait état de l'existence de 700 quartiers clandestins, abritant un million et demi de ménages soit une population de plus ou moins 3 millions. De combien est-il, dans la réalité, le déficit en logement social ?Un million, deux millions?. Opacité totale ! Chacun arbore ses propres chiffres, y compris au sein d’organes étatiques. Le Haut Commissariat au Plan a ses chiffres, qui ne concorderaient pas nécessairement avec ceux détenus par le Ministère de l’Urbanisme ou encore par ceux gardés jalousement par les services du Ministère de l’Intérieur. Chaque département façonne et triture ses statistiques en fonction de l’usage qu’il voudrait en faire. Malheureusement, les statistiques – toutes les statistiques- dans notre pays relèvent de plus en plus plutôt du " wishful " conjecture. La controverse qui a été animée autour des statistiques de la classe moyenne ou sur le taux du chômage au Maroc ( mieux qu’en France ou aux USA ! !) nous rappellent cette évidence sordide.

En somme et pour résorber le déficit actuel et satisfaire parallèlement les besoins nouveaux, la production de logements en milieu urbain devra être portée à plus de 180.000 unités par an. Peu importe. Un projet- programme sur cinq ans- 2008_2012, a été annoncé par les pouvoirs publics. Il porte sur la construction de 130 000 logements au VIT (valeur immobilière totale) unitaire de Mad 140 thd. Cependant, les opérateurs et promoteurs immobiliers potentiels affichent peu d’engouement -un euphémisme, pour ne pas dire se rétractent de l’engagement dans ce projet- arguant qu’ils ne rentreraient pas dans leurs frais, sans la reconduction d’une série d’exonérations fiscales que l’Etat accorde habituellement à titre de subvention au logement social. A défaut d’un quota chiffre d’affaires " logement social " que l’Etat est en droit d’exiger des promoteurs récalcitrants et si par malheur les tergiversations persistent, le risque que ce projet tombe à l’eau est réel. Une posture qui dénote de beaucoup de désinvolture. Bon nombre de ces promoteurs immobiliers feignent d’oublier que c’est cet Etat là qui les avait faits, rendu riches par sa complaisance, son népotisme et son laisser faire, dans la spéculation. Un Etat qui ferme les yeux sur une pratique devenue monnaie courante, mais non moins infâme du " noir " dans toutes transactions immobilières. Tout un LOB (line of business) de l’enrichissement illicite s’il en est. Ces promoteurs-là sont redevables de leurs fortunes à l’Etat Marocain. Ils doivent par conséquent faire quelques sacrifices sur leur ratio de marge, sans que cet acte citoyen ne soit subordonné à aucune exonération fiscale, car l’Etat Marocain a aujourd’hui besoin de compter le moindre penny pour son budget en souffrance. En effet, l’Etat n’a plus aujourd’hui les moyens de sa politique sociale, ses finances ayant été mises à mal à cause d’une récession globalisée dont le Maroc ne peut échapper, et pour cause, un arrimage économique sans discernement voire servile au capitalisme international. Le constat depuis mi 2008 à ce jour est au " down trend " inexorable des recettes du tourisme, des MRE, des impôts, des taxes douanières.. etc. La situation des finances publiques étant donc ce qu’elle est, l’alternative idoine, pour faire aboutir le programme du logement à 140 000 dirhams, réside dans une solidarité agissante se traduisant par une mutualisation des efforts des promoteurs immobiliers, des producteurs de matériaux de construction et des banques. L’effort consiste tout simplement à ce que chacun des opérateurs cités renonce à faire des marges bénéficiaires sur le logement social, que l’Etat aura érigé en marché dédié, avec ses structures et son organisation, pour loger les démunis. D’autant que les efforts demandés aux uns et aux autres portent sur un programme d’envergure moyenne– vingt six mille logements sociaux par an, pour un coût financier de Mad 3,6 bln. A titre d’illustration prenons le coût du financement du projet. Sur un budget global sur 5 ans de Mad 18,2 bln ; rapporté à l’année soit Mad 3,6 bln. D’après mes calculs, le manque à gagner- à ne pas assimiler à une perte- par les six banques qui se seront syndiqué le financement ne dépasse guère les Mad 9 mln par an et par banque. Peanuts, comparés aux bénéfices- j’entends résultat net compte non tenu des produits accessoires -faramineux qu’engrangent la profession bancaire annuellement(en moyenne pas moins de Mad 300 mln par an et par banque )

En désespoir de cause et pour ne rendre condescendance à quiconque, je proposerai d’ériger le logement social en " patriot act " ou tout au moins l’instituer en solidarité nationale. Une sorte de réédition du fameux compte 111 ou de l’effort de souscription pour la construction de la mosquée Hassan II.

Mostafa Melgou

 

 

 

 

 



14/09/2009
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