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L’éthique, un pré-requis à la compétitivité économique?

Nombreux sont ceux qui vantent les mérites de la compétitivité mais rares sont ceux qui la subordonnent à l’un des ses pré-requis prioritaires, l’éthique. La compétitivité vaut aujourd’hui son pesant d’or dans la balance commerciale des pays et tout le monde s’accorde pour lui reconnaître une importance grandissante dans le « global economy ». L’Allemagne affiche des excédents commerciaux parce qu’elle est plus compétitive que ses partenaires de l’UE auxquels elle s’impose en leader du construit Européen; les Chinois sont plus compétitifs que les Américains et partant ces derniers doivent compter de plus en plus avec les premiers, le monde ne jurant aujourd’hui que par les « big 2 ». L’équation budgétaire des Etas aujourd’hui est, ou soit ils sont compétitifs ou soit ils n’ont d’autres choix que de s’astreindre à l’austérité et, paradoxalement, à la décroissance pour rééquilibrer leurs finances publiques. Un véritable puzzle! Quid de notre pays ? L’on reproche à nos entreprises notamment celles qui sont versées dans l’export de ne pas être suffisamment ou pas du tout compétitives. Les mêmes entreprises, quant à elles, se plaignent de ne pouvoir l’être pointant du doigt le coût de l’énergie, la cherté de la main d’œuvre ou encore le niveau de l’imposition Soit. Néanmoins, l’entreprise Marocaine doit reconnaître aussi qu’elle est victime de ses propres dirigeants dont certains d’entre eux observent une gestion des affaires confondant le patrimoine de leurs entreprises avec le leur propre. Quelques exemples illustrent bien cet affront à l’éthique. Il suffit de comparer le train de vie, toute proportion gardée, de quelques industriels Marocains avec celui de leurs homologues Allemands ou Néerlandais. Un profond gap. D’un côté, c’est le savoir mesure garder dans les dépenses personnelles avec un grand self confidence; de l’autre c’est l’ostentation pour compenser un déficit d’affirmation du soi. L’autre exemple a trait à l’investissement qui reste le parent pauvre dans les programmes des entreprises marocaines. Plus de 60% de nos entreprises n’éprouvent pas le souci de moderniser leurs outils de production qui, dans plusieurs cas, sont vétustes et entièrement amortis, avec les risques opérationnels que l’on connaît. Or nous savons que les immobilisations valent pour l’entreprise ce que valent les infrastructures pour un pays. D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que les banques lorsqu’elles font des crédits à l’entreprise marocaine, elles ont recours pour border leur risque de prendre des garanties sur le patrimoine du dirigeant et non pas sur celui de l’entreprise qui n’en a pas suffisamment tellement elle a été saignée par ceux-là mêmes qui sont censés en prendre soin et la protéger. C’est dire que notre pays ne peut relever les défis de la concurrence internationale avec des entreprises appauvries et abusées dans leur patrimoine. Le credo de la modernisation de l’entreprise publique ou privée demeurera un vain slogan tant que l’on n’a pas d’abord restitué à l’entreprise ses droits de disposer des richesses qu’elle a elle-même créées par le labeur de ses hommes et de ses femmes. D’emblée je précise que je m’inscris dans le domaine de la vertu et non de celui de la loi, dès lors que éthique relève du champ des faits moraux et non des faits juridiques. Ethique (Akhlak) dont l’origine étymologique renvoie aux mœurs est définie comme étant l’art de corriger et d’orienter la conduite humaine. C’est une science des faits moraux. Je l’entends dans mes propos dans son sens restreint en empruntant à Lalande qui la définissait comme étant « une science qui a pour objet immédiat les jugements de d’appréciation sur les actes qualifiés bons ou mauvais. Et admettre que l’éthique tout entière tient dans le droit c’est heurter délibérément les faits les mieux établis (best practices), nonobstant le faits que les faits moraux et les faits légaux ne sont pas antinomiques. Mais c’est quoi l’éthique dans l’entreprise me diriez-vous ? c’est réallouer ( réinjecter) dans l’entreprise les ressources (la richesse) pour la prémunir contre les soubresauts d’une conjoncture adverse ; c’est ne pas faire porter à l’entreprise les dettes d’un crédit contracté en son nom mais c’est l’administrateur qui l’utilise dans ses propres projets ; c’est investir dans l’homme ouvrier, employés ou cadres pour le former et gagner son adhésion aux enjeux de l’entreprises ; c’est garder la mesure au moment de la distribution des dividendes. L’’éthique se reconnaît dans l’accompagnement de l’entreprise en y investissant pour développer sa croissance ; c’est adopter une politique de ressources humaines équitable en pensant à la décence de son personnel pour le motiver et gagner son loyalisme et son abnégation dans le travail ; c’est s’acquitter des impôts redevable à l’Etat auquel il est demandé des subventions et du soutien Une précision s’impose cependant. Mes griefs à l’endroit de l’entreprise marocaine ne valent pas délivrance de quitus pour dédouaner l’Etat de ses propres obligations de bonne gouvernance pour enfin rappeler que l’éthique n’est pas l’affaire de la seule entreprise, car elle dépend de plusieurs facteurs que l’on peut loger sous l’intitulé générique de gouvernance macro-économique, qui, lui, relève de la responsabilité de l’Etat. Faut-il le rappeler l’entreprise est l’endroit privilégié de création de la richesse d’une nation et c’est par leurs entreprises que les Etats rivalisent dans le concert des nations. La modernisation de l’entreprise Marocaine ne peut aboutir sans le pré-requis incontournable à savoir l’éthique de ses dirigeants « La revendication de justice aboutit à l’injustice si elle n’est pas fondée d’abord sur une justification éthique de la justice » in l’homme révolté de Camus.   

 

                                                                                    Mostafa Melgou



31/12/2010
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