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Le monde est-il vraiment sorti de la crise 2008?

D’aucuns parlent déjà de l’après crise, croyant que le monde en avait fini avec ces produits financiers toxiques qui minent et font vaciller notre système économique. Ce me semble aller vite en besogne dès lors que les causes combinées ayant provoqué la crise de l’automne 2008 guettent toujours le monde si elles n’ont pas tendance à s’aggraver aujourd’hui. Jugeons-en par les quelques chiffres disponibles, au demeurant très explicites. A juin 2009, l’encours des bons de trésor Américains n’est pas moins de US$ 1,9 tln vs US$ 0,3 tln en juin 2008. Le cours du baril de pétrole a atteint 79 dollars en novembre 2009 vs 49 dollars en mars 2009. L’indice moyen des bourses des pays émergents s’est apprécié de 100 points en novembre 2009 vs 49 pts en mars 2009, les places financières de pays émergents ne brassant pas moins de US$ 150 bln par mois.

Gâteau sur la cerise. Depuis la dernière crise de septembre 2008, la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Federal Reserve (FED) ont injecté dans le système financier pour US$10,9 tln, soit 21% du PIB mondial. Ces sommes ont été prêtées aux banques commerciales, de surcroît à des taux bonifiés entre 25 et 100 points de base, aux fins de les redistribuer sous forme de crédit aux particuliers et aux entreprises. Mais la demande de crédits s’étant effondrée, pour cause de gonflement du chômage et d’une économie qui agonise sous la stagflation, les excédents de liquidités non utilisés ont été recyclés, par les mêmes banques ayant bénéficié de la manne de la BCE et du FED , sur les places financières dans les CDO’s (Collaterized Debt Obligation), les ABS (Asset Backed Securities), les MBS (Mortgage Backed Securities et dans d’autres carry trade. La partie demeure donc belle pour la spéculation. Quel est l’éminent économiste capable de nous dire aujourd’hui le volume exact de la masse monétaire en circulation dans le monde et pour quelles contreparties en terme de biens et services? Le problème nodal s’avère être que la monnaie s’échange de plus en plus contre des instruments financiers, c’est à dire un autre type de monnaie. In fine, de la monnaie contre de la monnaie avec un effet multiplicateur débridé, sapant par là même les fondements de l’échange.

Certes, toutes les banques centrales s’accordent sur le diagnostic de la crise et des effets dévastateurs de la spéculation sur les places financières. Néanmoins, elles n’arrivent pas à convenir sur la thérapie. Le pourraient-elles ? Chaque décision dans un sens comme dans l’autre implique des dommages collatéraux sur la reprise économique, car personne ne sait exactement le niveau des produits financiers en circulation qu’ils soient " toxiques " ou " comestibles ". Un véritable engrenage qui ne laisse de choix qu’à plus de spéculation et de fétichisme financier.

Par ailleurs, c’est cette épée de Damoclès qu’est la dette Américaine qui menace la sécurité économique du monde. Une dette qui ne cesse de s’aggraver pour atteindre 80% du PIB de l’empire Américain. Si elle s’alourdit davantage- elle tend vers le seuil de l’intolérable- cette dette sèmera la panique sur les places financières. Ipso facto, se produira en rush une cession des bons de trésor Américains, privant ainsi les USA du principal financement de leurs déficits. La suite est connue : les prix s’effondrent, ruinant au passage des milliers de porteurs de titres et provoquent la faillite des banques. Et rebelote la crise financière par USA interposés.

Les marchés financiers constituent aujourd’hui une menace à l’économie réelle celle qui est adossée à la production de biens de services dès lors qu’ils sont devenus comme des casinos de jeux de hasard ou des paris turf. Et, il suffit d’un soubresaut sur ces marchés pour que la panique s’installe chez les " parieurs " financiers qui, dans la précipitation cherchent à se débarrasser de leurs actifs financiers qui n’ont de valeur que par la confiance qu’on y place. Dès que cette confiance vacille, c’est le krach financier qui s’enclenche compromettant tout le système économico-financier.

La crise mondiale d’aujourd’hui marque la fin d’une croissance entièrement financée par du " gnom tools " purement virtuels sans support de biens réels. Mais défaire l’écheveau n’est pas chose aisée et la crise a encore de beaux jours devant elle.

C’est d’un Bretton Woods II que le monde a besoin avec un ordo- libéralisme, c’est à dire d’un libéralisme au service de l’homme.

                                                                                   Mostafa Melgou



08/02/2010
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