zankana

En préambule, nous remarquons qu'aussi bien la presse que le gouvernement sont peu loquaces sur la crise financière qui secoue le monde actuellement. Serait-ce parce que le Maroc est à l'abri des soubresauts ou bien serait-ce tout simplement parce que les gouvernants de notre pays dorment , par insouciance, sur leurs lauriers ? La réponse est comprise en filigrane, dans le discours des officiels, qui avancent que le Maroc est très peu, sinon pas du tout, connecté aux marchés financiers, que notre système bancaire est bien verrouillé, en terme de règles prudentielles, sur la solvabilité, liquidité et concentration des risques bancaires.

Soit, mais en tant que citoyen Marocain, je suis plus qu'interpellé par l'ampleur de cette crise. Je suis inquiet pour mon pays. D'abord parce que le Maroc ne vit pas en autarcie , ensuite et surtout, parce qu'il est étroitement arrimé à l'Europe, dans une relation dépendante, qui s'inscrit dans un schéma de rapport d'échange inégal entre un Nord riche et un Sud pauvre.

On s'en souvient, Nicolas Sarkozy n'avait-il pas fait un reproche, à peine voilé, à son homologue Américain, que la crise est née aux USA, et que ces derniers sont en train de l'exporter sur le reste du monde. Cette réaction, qui dénote d'une préoccupation manifeste du Président Français, devrait susciter des inquiétudes encore plus profondes de nos politiques. Il suffit de faire cas du degré de dépendance de notre pays vis à vis de la France- dépendance qui frise l'aliénation- pour se rendre compte des effets désastreux sur le Maroc des éclaboussures Françaises éventuelles. Faudrait-Il rappeler que la France demeure le premier et le principal marché de nos exportations et demeure aussi le premier et principal fournisseur de nos entreprises ?

Faudrait-il rappeler que plus de deux millions de nos compatriotes vivent en Europe dont la moitié en France et ce, sans compter les " sans papiers " ? Faudrait-il rappeler que notre industrie touristique et notre plan Azur comptent principalement sur la population Européenne en termes de revenus et de croissance ?

Sans trop m'attarder sur les mille et un liens de dépendance économique de notre pays vis à vis de l'Europe, il est évident que des situations économiques très graves et douloureuses attendent le Maroc, à la suite de la récession qui est en train de s'installer aux USA et par ricochet en Europe, sans oublier que la déferlante n'est qu'à ses débuts !

Cantonner les effets de la crise aux seules implications financières, en omettant ou occultant les effets d'entraînement micro et macro-économique, dénote d'une cécité politique qui ne dit pas son nom.

Le Marocain a le droit d'être rassuré sur son devenir, en droit de s'interroger sur les mesures préventives ou plan de sauvetage qu'aurait pris son auguste gouvernement pour affronter une crise 1929 bis qui couve actuellement. Ou bien devra-t-il se contenter d'assister, désarmé, devant une situation de fait accompli, dont seule la volonté divine ou " Baraka " de ses marabouts peuvent l'aider à en sortir indemne ?