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Le Maroc ne vit-il pas au dessus de ses moyens?

Vit au dessus de ses moyens quiconque qui consomme plus qu’il n’en perçoit de revenus. C’est vrai aussi bien pour les individus que pour les Etats. Pour un Etat c’est encore plus pernicieux et pervers, sachant qu’il s’agit du sort de tout un pays. Vivre au dessus de ses moyens pour un Etat commence par les déficits commerciaux qui peuvent dégénérer en déficits de la balance des paiements et clore sur un appauvrissement des avoirs de réserve.

Bien entendu vivre au dessus de ses moyens peut aussi se percevoir sous le prisme des déficits budgétaires, c’est à dire des finances publiques. Mais cette situation demeure un moindre mal, pour autant que le déficit soit cantonné à un seuil inférieur au taux de croissance du PIB et les dépenses soient consacrées dans une proportion conséquente aux investissements structurants. Cette chronique se limite à une petite radioscopie sommaire aux agrégats ayant trait aux échanges et flux financiers extérieurs du Maroc.

Ainsi et sur une décennie- de 1998 à 2008- les importations du Maroc ont été multipliées par 3, alors que ses exportations ne sont parvenues qu’à doubler avec un taux de couverture qui n’a cessé de s’effriter pour descendre sous la barre des 50% (47,8% en 2008 vs 69,5% en 1998). A ne pas s’y méprendre, la réduction du gap en terme de couverture à fin octobre 2009 n’est pas le résultat d’un quelconque redressement du déséquilibre structurel de la balance commerciale. Elle est plutôt le fait de la récession économique mondiale dont le Maroc ne peut prétendre y échapper. En effet, le trend haussier des importations et des exportations Marocaines poursuivi sans relâche depuis 1998 a été, pour la première fois rompu en 2009, les " inflow " de biens et services s’étant dépréciés de 19,2% et les " outflow " affichant un " down-turn " de 23,3%. Les transferts des RME- deuxième source de devises pour le pays et de surcroît "mitigant" de notre compte courant - ne sont plus que de Mad 53 milliards en 2008, puis Mad 42 bln à octobre 09 (versus Mad 55 bln en 2007), après avoir suivi un up-trend depuis 2004. Les recettes du tourisme étranger- première source de devises du Maroc- se sont infléchies à Mad 55,4 bln en 2008, Mad 44 bln à fin octobre 09 versus Mad 58,7 bln en 2007, après avoir poursuivi un trend haussier depuis 2004. Même les IDE et prêts étrangers, qui s’apparentent de plus en plus à des facteurs d’atténuation des déficits de la balance commerciale, et partant permettent de rétablir les équilibres de la balance des paiements, ne sont plus que de MAD 32,5 bln en 2008 et Mad 19,5 bln à fin 09, versus Mad 41,7 bln en 2007. Si l’on prenait rien que l’année 2007 comme année de référence, l’on constaterait que tous les clignotants ont tourné au rouge. Le compte courant qui affichait en 2007 un petit solde débiteur de Mad 0,8 bln, néanmoins avec un solde de la balance des paiements créditeur de Mad 17,9 bln s’est rapidement dégradé en 2008 à Mad -37,4 bln avec détérioration de la balance des paiements qui affiche un solde négatif de 11,5 bln. Les chiffres de l’OC disponibles à fin oct 09 font état d’un compte des transactions courantes débiteur de Mad 32,1 bln avec un solde de la balance des paiements débiteur de Mad 24 bln. Les avoirs de réserve ne sont pas en reste, dès lors que de Mad 218 bln en 2007, ils chutent à Mad 209 bln à fin 08, pour chuter encore à Mad 189 bln à fin oct 09. Et ce n’est pas fini car, de l’avis des experts, la reprise économique mondiale n’est pas prévue pour cette année 2010.

C’est dire que les indicateurs des échanges extérieurs de notre pays ne sont pas réjouissants tant s’en faut. Il est peut-être temps que la direction des études et des prévisions financières ou le HCP (EX ministère des prévisions économiques) procèdent à une analyse prospective de ce que sera la configuration de ces indicateurs à l’horizon au moins des cinq années avenir. Et ce, par souci de proactivité, en vue d’éviter à notre pays la situation du fait accompli c’est à dire " cogner " au mur, où il n’aurait pour alternative que de se plier aux diktats du FMI et de la BM, avec en prime une réédition du PAS (programme d’ajustement structurel) de triste souvenir.

En attendant, un plan d’austérité tout azimut en commençant par des coupes drastiques sur les importations inutiles, me paraît être le prélude incontournable à toute thérapie au dérapage de nos déficits.

                                                                           Mostafa Melgou



01/02/2010
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