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Le Dollar, monnaie de destruction massive !

Les USA traînant une dette publique de $ 13,8 trn qui s’accroît quotidiennement de $ 4,3 bln, avec un déficit budgétaire en prime de $ 1,3 trn, le FED annonça unilatéralement, un certain mercredi de mi-novembre, mettant le monde entier devant le fait accompli, qu’il allait injecter $ 600 bln dans l’économie américaine par le rachat, en contrepartie, de bons de trésor émis par le gouvernement de Washington. Le planning des émissions et rachats s’étalera du début jusqu’au milieu de l’année 2011, à raison de US$ 75 bln par mois. L’objectif avoué est de réduire plus que ne le sont actuellement les taux d’intérêts bancaires pour rendre l’accès aux crédits encore plus facile en vue, in fine, de revigorer la demande et tirer la croissance vers le haut. Ou tout au moins préserver la fragile reprise après la crise financière de 2008. L’objectif réel recherché est surtout de combler le déficit budgétaire de $ 1,3 trn qui correspond exactement au montant annualisé de l’émission obligataire. Un calcul expert révèle que cette injection monétaire ne sera que de faible effet sur l’amélioration du taux du chômage qui ne se comprimera que de 0,3% (9,6% vs 9,9% actuel). De même que son apport sur l’amélioration du taux de croissance ne sera pas non plus spectaculaire dès lors qu’avec l’injection ce taux ne sera que de 2,7% et sans elle il se maintiendra à 2,4%. Maigres performances s’il en est. Dans tous les cas de figure, la croissance de l’économie américaine est dans un état de stagnation tel et à des niveaux tellement bas qu’il serait illusoire de s’attendre à une réduction drastique du taux des sans emplois. En revanche, les effets pervers de cette l’injection sont lourds de conséquence sur le reste du monde. Corollaire de cette injection le cours du dollar aura tendance à davantage de baisse et ipso facto l’UE verra sa monnaie unique se renchérir par cette manipulation monétaire qui réduira à néant tous les efforts Européens de redressement, d’austérité et de coupes drastiques dans les finances publiques. Car un dollar faible, s’il impulse les exportations Américaines, assène un coup dur à la compétitivité de l’Europe et partant obère sa croissance. Et sans cette croissance, des pays comme la Grèce, l’Irlande, ou le Portugal ne peuvent en aucun cas honorer leurs dettes à l’échéance convenue. A peine approuvée par Bruxelles, l’enveloppe de crédit de € 85 bln à allouer à l’Irlande suscite déjà du scepticisme des économistes quant à la capacité financière de ce pays à être au rendez-vous pour l’échéance d’apurement prévue pour 2014. Sur un autre registre connexe, se pose le problème de savoir qui financera cette émission obligataire de $ 600 bln? La planche à billet (printing money) répondront d’aucuns ! Ce serait pour ma part aller rapidement en besogne. Car les USA savent pertinemment que ni la Chine, ni les pays du golf – trop engagés en termes de créances financières sur les USA- n’ont de choix que de venir à la rescousse de l’économie américaine en finançant ses déficits budgétaires par la souscription au nouvel emprunt obligataire. Car laisser les USA arriver à la situation de défaut revient à enliser l’économie mondiale dans le bourbier de la crise systémique et de l’effondrement de l’économie monétaire. Force est de reconnaître aussi que la Chine gagne au change, en contrepartie de son soutien forcé à l’économie américaine en difficulté, en maintenant sa monnaie sous-évaluée par rapport au dollar pour avoir toujours le dessus sur les américains en terme de compétitivité et ce, contre la volonté des USA qui décrient la concurrence déloyale, en vain. Il s’avère de plus en plus évident aujourd’hui que seuls les Américains et les Chinois- les véritables G2- dans une sorte de gentlemen agreement si ce n’est un deal bien arrangé, jouent bien la « game » au nez et à la barbe de l’Union Européenne, union plus rhétorique que réelle, en l’absence d’une construction fédérale de l’Europe. Les USA entament aujourd’hui un nouveau style de guerre- la guerre monétaire- un relais supplémentaire aux guerres classiques armées. Le mot de la fin : le dollar monnaie-arme de destruction massive ? Mostafa Melgou


15/12/2010
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