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La globalisation : mythe et réalité

Sans ambages, par souci pédagogique, je définira la globalization par ses effets induits. Politiquement, c’est le " pattern " Américain qui doit être le point de mire de tous Etats, en vertu de la prophétie de Francis Fukuyama sur la " fin de l’histoire ". Economiquement, c’est le fondamentalisme ou diktat du marché avec le moins d’Etat possible. Socialement, il s’agit de rapports Suzerain / vassal ou seigneur / métayer. Au niveau des relations internationales, la globalization divise le monde en "alliés du bien " d’un côté et " axe du mal " ou " rogue state " de l’autre.

Pour mieux réussir ses desseins et asseoir une légitimité fallacieuse, les " commandeurs " de la globalization imposent des interdits qu’ils érigent en valeurs démocratiques. Il est ainsi interdit de " juguler " la liberté individuelle même lorsqu’elle s’avère détrimentale à l’intérêt général et conduise à l’ exploitation de l’homme par l’homme. Il est interdit de trouver des solutions aux problèmes sociaux, à l’explosion démographique et la sécurité écologique. Il est interdit de négocier une paix juste et durable, pour continuer à vendre des armes et tenir le monde en laisse. Oui pour les guerres circonscrites, mais il est interdit d’en arriver à une troisième guerre mondiale, au sens historique, de peur de ne plus avoir suffisamment de bras pour assurer la force de travail requise dans la production.

En réalité, ces interdits représentent un paravent au pouvoir du capital globalisant et globalisé, les multinationales. Un pouvoir qui transcende les Etats et tire profit de cette liberté sans borgne, pour envahir les marchés internationaux et faire, impunément, d’énormes profits. Dans ce cas l’Etat- Nation perd la main et le contrôle sur sa production sociale, qui se retrouve " managée " et " coachée " outre- territoire . Ces transnationales créent pour elles mêmes un espace globalisé pour contenir nombre de rapports sociaux de production, dès lors qu’elles en ont fixé les aspects politiques, à travers des interdits, de façon à détourner la loi et protéger leurs intérêts. Par conséquent, la globalization ne s’identifie nullement aux valeurs humaines et représente un danger contre l’humanité. Il est nécessaire aujourd’hui de former un bloc de résistance internationale contre les effets destructeurs de cette globalisation politico- censitaire qui se cache derrière des slogans puisés dans la morale moderniste. C’est justement dans son caractère ambivalent et pernicieux que réside le danger de la globalization. Car la société internationale actuelle n’est pas une société civile globalisée comme on le prétend, mais une société inhumaine, loin de la paix internationale, parce qu’il a recours à la violence et à la guerre pour réaliser ses objectifs. De plus, la logique du marché globalisé ne participe pas d’une logique purement commerciale. Elle procède aussi d’une logique géopolitique et partant militaire de conquête. Elle s’est imposée à l’humanité comme un déterminisme. Ainsi, plus de 200 pays se sont rangés dans le giron de la globalisation, chacun en fonction de ses moyens et des missions que les multinationales voudront bien lui attribuer.

L’essence de la globalization ne peut être que la marginalisation du plus grand nombre de l’humanité. Elle formate les pauvres, les moule en fonction des desiderata des puissants. Le tout étant orchestré au nom d’une sordide logique néo-libérale. Une liberté soumise à une telle logique se transforme en ressort de la servitude et a contrario devient liberticide. La globalisation est construite sur une vision socio- historique qui exploite tout le monde. Elle est programmée pour réussir, car en phase avec sa structure principale de production / destruction selon André Tosel.

Il est aujourd’hui recherché de trouver les conditions morales idoines de nature à réconcilier les conflits au sein d’une démocratie, en essayant d’apporter les solutions aux disparités sociales sans remettre en cause le principe des libertés publiques. Des philosophes comme Habermass n’hésitent pas d’en appeler à revisiter le contrat social hérité par l’Europe du siècle des lumières de Montesquieu de Rousseau. Un contrat dont il faudra mettre en exergue les principes fondateurs d’Etat, de nation et de citoyenneté

Les anti-mondialistes doivent réussir à fédérer les peuples autour pour développer une conscience internationale qui traitera des interdits et slogans trompeurs qu’impose l’économie de marché . La globalisation voudrait paraître tout à fait à l’opposé de ce qu’elle est en fait. Elle se dit humaniste, mais elle est sans âme. Elle se dit libertaire, mais elle est asservissante.

De même que la tyrannie a conduit à l’écroulement de l’économie dirigée à outrance et a donné naissance en réaction à l’économie de marché. L’abus du free trade et du gambling avec les deniers des autres a eu comme corollaire la crise financière et économique que les pauvres sont en train de vivre et payer aujourd’hui.

La globalisation a tiré avantage des valeurs démocratiques, des poussée technologiques et de la mal- gouvernance des dirigeants des Etats- nations. Elle a hissé tout azimut le drapeau de la liberté, pour éradiquer des valeurs ancestrales d’équité, de solidarité et d’esthétique qui représentent, depuis la nuit des temps, les fondements de l’évolution humaine. Mais gare aux effets boomrang contre les commandeurs de la globalisation. Les multinationales américaines se sont implantées en Chine, en Inde, au brésil, en Russie et au japon à la quête du gain rapide rendu possible grâce à une main d’œuvre bon marché. En retour ces pays avaient su tirer profit de cette conquête américaine, au moment où aux USA le chômage s’aggrave touchant près de 15 millions d’américains aujourd’hui. Pire. Dès lors que ces pays décideraient de ne plus libeller leurs transactions en dollars américains, personne ne pourra alors prédire du sort de l’empire Américain. L’affaiblissement ou l’effondrement de l’économie de marché aidant, la globalisation périra et renaîtra l’idéal identitaire de ses cendres, lequel redonnera corps à l’ Etat –nation, déchu aujourd’hui.  

                                                            Mostafa Melgou



23/09/2009
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