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La désinvolture de Standard & Poor’s

 

Témérité sans précédent s’il en est! Standard & Poor’s ont dégradé la dette souveraine des USA de la note AAA à AA+ et pour principale raison des querelles politiciennes entre Démocrates et Républicains sur le relèvement du seuil de la dette publique. Cette dernière note est sanctionnée  théoriquement par une probabilité de défaut plus élevée que la première. Ainsi, et à en croire Standard & Poor’s, il serait par exemple plus sûr (secured) de prêter à l’Etat Français ou à L’Etat
Finlandais qu’à l’Etat fédéral des USA. Rien n’est moins sûr, ne serait-ce que par le seul fait de cette hégémonie du Dollar. En tant que monnaie de compte et de réserves par excellence, le dollar confère aux USA ce pouvoir exclusif du “printing money”, dont aucun pays ne peut se prévaloir. !

En dégradant la note de la dette USA, Standard & Poor’s ont mis tout le monde y compris eux mêmes dans une position, le moins que l’on puisse dire, inconfortable. Si bien que, par souci de cohérence, les autres agences de notation, Moody’s et Fitch, n’ont plus d’autres démarches ou choix que de s’aligner sur la note attribuée par S&P. La deuxième implication de méthodologie devrait être de dégrader d’office la note de la dette Française. En effet,  la France, bien sûr et dans une moindre mesure l’Allemagne pourraient bien perdre leur AAA car plus exposées que les USA, et pour cause leur intercession ou bail out des Etats de l’Union en situation de défaut. La décote de la dette souveraine Américaine comporte un gros risque de paniques boursières qui accéléreraient en les exacerbant les développements futurs. Et le risque, aux effets composés les plus dévastateurs, serait la perte de confiance dans les bons du Trésor (BDT) Américains et partant dans les titres qui les matérialisent sur le marché obligataire. Douter de la valeur de ces BDT saperait l’architecture d’évaluation des actifs détenus par les institutions financières et les fonds d’investissement, sachant que ces mêmes BDT servent de couverture ou de contrepartie des transactions financières et en
fixent la valeur. C’est dire l’ampleur de la menace qui pèse sur tous les véhicules de circulation
mondiale de la monnaie et partant l’ensemble du crédit mondial.  Et une dépréciation de la valeur des bons du Trésor américains obérera épargne et réserves en dollars de beaucoup de pays et
fragilisera un ordre monétaire déjà mal en point.

Il est à craindre que les effets de la crise de la dette souveraine  tonneront de plus en plus forts en entamant et remettant en cause la globalisation financière dont la dette souveraine des USA reste l’ultime garante. Et si la récession américaine dégénérerait  en dépression, l’ordre économique mondial se disloquerait.

En conclusion, la décision de S&P de décoter de sitôt la dette Américaine est tout au moins inopportune dans un monde qui n’est pas tout à fait rétabli de la crise financière de 2008. Bien au contraire, elle sème la panique, déstabilise les marchés et partant relance la crise. D’ailleurs, la responsabilité des agences de notation dans la crise de 2008 n’est plus à prouver, et S&P sont en train de rééditer les mêmes impairs qu’en 2008. Ils ont pour noms une faible anticipation conjuguée à une brutale décote du risque tant souverain que corporate.

En un mot, Ce downgradind de la cotation de l'Uncle Sam ne fera qu’exacerber la crise financière qui couve  au lieu d’en  constituer un clignotant d’alerte. 

 

                                                                                                      
                                                                                                      Mostafa Melgou



31/08/2011
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