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L'islamophobie, un relent raciste

 

 

Réédition de caricatures blasphématoires; littérature et films assimilant l’Islam au Nazisme et le prophète Mohamed à Hitler ; ou le meurtre, dans l’enceinte d’un tribunal en Allemagne, d’une jeune femme musulmane ; ou, tout récemment, la résiliation par l’université Erasmus du contrat le liant à l’enseignant et islamologue Tariq Ramadan. Tous ces faits, condamnables s’ils ne présentent pas tous un caractère délictuel, dénotent de l’ampleur et de la gravité de l’Islamophobie en Occident ; recrudescence d’une phobie dont on ne peut plus se permettre de taire. D’autant que l’islamophobie ne se limite pas à la controverse idéelle ou cultuelle, elle la dépasse pour se traduire en actes haineux, xénophobes et assassins.

Beaucoup d’analyses sur l’Islam dénote d’une méconnaissance effarante de cette noble religion qui exhorte à la tolérance, au pardon, au " bel agir " ( al Ih’sane) et à l’altruisme.

En effet, certains orientalistes sèment l’amalgame en prétendant, injustement, que l’Islam en tant que religion cultive le radicalisme, voire le terrorisme.

D’abord, il faut faire le distinguo entre Islam et musulmans. L’Islam en tant que religion stricto sensu transcende les territoires, l’histoire et les faits sociaux. Quant aux musulmans, ils s’agit plutôt d’adeptes de l’Islam disséminés en populations et communautés très variées et différentes les unes des autres. Ainsi, il existe les Chiites avec leurs douze variantes et les Sunnites avec leurs quatre écoles exégètes - Malékite, Hanbaliste, Chafiite et Hanafite, sans parler des Musulmans Druzes ou Bahaï. De même que la nuance est à faire entre le musulman Asiatique, le musulman Européen, le musulman Africain ou le musulman Arabe. Ces divers panels ont été le fruit et l’accumulation à travers l’histoire des différentes interprétations qui avaient été faites par les divers doctes de l’Islam . Il s’agit en somme d’écoles exégètes, distinguées les unes des autres, de la pensée Islamique.

Ce que je vise par Islamophobie n’est pas tellement cette inclination d’adversité à l’Islam ou son dénigrement. Car en Europe, la critique des religions et des croyances est chose admise et tolérée par la loi. Ce ne concerne pas que l’Islam

Ce qui est condamnable c’est cette vision de l’Islam, une vision empreinte de cécité, qui s’ingénie à considérer tous les musulmans comme un bloc monolithique, réfractaire à toute évolution, barbare et irrationnel ; primitif et phallocratique et partant avide de violence et de terrorisme.

Si l’antisémitisme est considéré comme un crime puni par la loi, c’est parce qu’il ne s’attaque pas au Judaïsme- la foi juive- en tant que religion, mais c’est parce qu’il s’attaque aux adeptes de cette religion, c’est à dire aux juifs en tant que nation et culture. C’est exactement ce qui advient aujourd’hui aux musulmans qui font l’objet de caricatures, d’injures et de calomnies de la part des islamophobes. Comme si c’était une tare congénitale d’appartenir à la civilisation musulmane. C’est donc plus d’un milliard de musulmans qui sont considérés comme des proscrits, aux yeux des islamophobes. Ceux-ci taxent l’Islam de religion de violence, d’extrémismes et nourrit l’exclusion et l’agression. En revanche, les mêmes islamophobes et tenants de la doctrine du " clash of civilization " de Samuel Huntington considèrent le Judaïsme comme étant une religion non expansionniste, une sorte de pacte moral entre Dieu et son peuple ( élu) juif ; de même qu’ils présentent le Christianisme comme étant une religion bâtie sur l’amour du prochain et la consécration de l’humanisme.

Ces allégations n’ont pas besoin, pour être réfutées, de beaucoup de preuves. En témoignent les textes aussi bien de l’ancien Testament que du nouveau, qui font l’éloge des velléités à la violence et à l’extermination collective- l’histoire des conquêtes Espagnoles en Amérique Latine, ayant fait périr, au nom du Christ, des civilisations entières Incas et Mayas ou encore celles des USA ayant décimé des millions d’Indiens qualifiés d’Apaches (Al Aoubaches).

La tare dans la vision Islamophobe, c’est qu’elle n’adopte pas envers l’Islam la même approche qu’elle tient à l’endroit des autres religions. C’est-à-dire une religion du " Livre " épousée par plus d’un milliards d’adeptes sur les cinq continents. Il est fallacieux et réducteur de traiter et de faire le procès d’une civilisation musulmane aussi riche et diversifiée, à l’aune de quelques uns de ses adeptes hérétiques, qui ne représentent en rien une si noble religion. Bien entendu Ben Laden et consorts sont indiscutablement des radicaux et des terroristes dans la mesure où ils s’imposent au monde entier en Emir " commandeurs des croyants ". Ils considèrent les non musulmans comme étant des impies, non sans taxer d’autres musulmans, ceux qui ne sont pas dans leur giron, de mécréants qu’il faut combattre. Ben Laden avait été la risée, même de musulmans, lorsqu’il avait prêché G.W.Bush pour le convertir à l’Islam. Néanmoins, là aussi il faut faire la part des choses, pour situer le Ben Ladinisme dans le contexte. Al Qaida est un mouvement politique, nonobstant son leadership de foi musulmane. Il s’appuie, faute de mieux, sur le paravent religieux, credo plus évocateur et mobilisateur que celui, séculier aujourd’hui en faillite dans le monde Arabo-musulman. Devrait-on rappeler que c’est Bin Laden et ses hommes d’Al Qaida qui ont combattu la présence Soviétique en Afghanistan, avec le soutien et la bénédiction des Américains sous l’Administration Reagan ? Ce dernier ne désignait-il pas de " combattants de la liberté " les hommes d’Al Qaida ? Pourquoi ce volte-face aujourd’hui de part et d’autre, dès que les Soviétiques avaient été repoussés de l’Afghanistan? qui n’aurait-il pas respecté les termes du " deal " scellé contre le péril rouge ? Serait-ce Bin Laden ou les Américains ? Autant de questions qui demeurent à ce jour sans réponses.

L’islamophobie n’est autre chose qu’une incitation à la haine et au racisme. Elle est à mettre sur le même banc des accusés d’antisémitisme.

Malheureusement cette Islamophobie persistera tant que le monde Arabo-Musulman n’aura pas cessé de renvoyer une image négative de lui-même. Image qui a pour origine la mauvaise gouvernance et le sous-développement de la plupart des pays se réclamant de l’Islam. D’où cet amalgame morbide que font les Occidentaux de l’Islam, lui faisant endosser tous les " mauvais - agir " ( As’saou’ate) des musulmans. " Mauvais - agir ", dont il faut chercher les causes dans les phénomènes de société, c’est -à- dire dans les sciences sociales , plutôt que dans la foi musulmane.

 

                                                                                     Mostafa Melgou

 

 



26/08/2009
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