zankana

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Fétichisme de la croissance économique

 

 L’expérience de la dernière décennie a montré que le modèle néolibéral de croissance est funeste. Il élargit la base de la pyramide des  pauvres s’appauvrissant et rétrécit le carré des richissimes s’enrichissant toujours plus.

Le constat est accablant, indigne d’une société dite humaine. La pyramide mondiale des revenus montre que 80% des 6,5 milliards que compte la planète sont domiciliés au bas de l’échelle avec un revenu entre 0 et 4 dollars par jour y compris un milliard vivant en dessous du seuil de la pauvreté du single dollar/jour. Et une caste politico-économico-financière perchée au sommet de la pyramide à plus de 10.000 dollars par jour.

L’économie de croissance qui prévaut actuellement dans le monde s’est essoufflée et a montré ses limites. Elle ne peut survivre que par le diktat du marché et à défaut par des conquêtes, souvent armées, de nouveaux espaces (marchés) géographiques.  

Cette croissance économique exprimée en équivalent unités monétaires (EUM) perçues par chaque habitant s’est avérée être un désastre créant plus de miséreux et exacerbant des disparités de revenus abyssales aussi bien entre individus qu’entre nations. Les effets pervers de la croissance néolibérale ne sont plus à démontrer. Ils affectent les pays développés qui, pour surmonter des crises finéconomiques itératives, décrètent des plans d’austérité rejetés par des populations déjà en situation de précarité et exacerbent les fractures sociales. Les dernières manifestations de protestation des Espagnols et des Grecs nous rappellent cette triste réalité. Quant aux pays de la périphérie, les dégâts de la croissance néolibérale  décuplent car ils sont attisés par une mal- gouvernance politique et un pouvoir sans partage. L’Intifada des Tunisiens amorcé au début- avant qu’il ne dégénère en soulèvement contre le pouvoir en place-  contre le chômage et la cherté du coût de la vie l’illustre clairement dans un pays où pourtant le taux de croissance affiché est de 5,7% et les fondamentaux sont dits probants !! Un véritable dilemme d’une croissance qui ne réussit pas à juguler le chômage dont le taux est très élevé notamment chez les jeunes diplômés. Une situation qui contraste avec une économie prétendument saine que le FMI cite, il n’y a pas si longtemps, comme valeur d’exemple. Comble du cynisme des instances financières internationales !             

La question de la pertinence du mode de calcul actuel de la croissance se pose  avec beaucoup d’acuité.      

La solution. Il faudrait chercher une autre croissance qui intègre la dimension humaine, car celle qui prévaut aujourd’hui ne fait qu’alimenter les pénuries- un milliard d’affamés dans le monde- et nourrir des guerres sur fond des convoitises économiques, nonobstant les alibis invoqués et les dissertations sur les idéaux démocratiques où les armes de destruction massive ou encore la menace terroriste.

L’on reconnaît de plus en plus l’inanité de l’indicateur PIB et les économistes dans une sorte de fuite en avant colmatent les brèches et s’affairent à vendre une croissance inique sous les subterfuges qui ont pour nom  croissance durable, propre, douce, verte ou enfin sélective. Mais personne n’a songé à la croissance équitable.

La réflexion sur la nécessité de repenser le modèle de croissance actuel doit dépasser la remise en cause de l’outil ou des statistiques de la croissance pour aborder la problématique de l’origine du mal qui réside dans l’essence même de la croissance néolibérale.

A l’idéologie de la croissance, il faudrait substituer un modèle de développement qui fait du bien-être de l’homme sa préoccupation majeure en restituant la chose économique dans son champ normal d’application, les sciences humaines au lieu de continuer à la considérer, faussement, comme une discipline scientifique.

Cette réflexion de fond sur les mécanismes de la croissance ne peut aboutir sans qu’elle ne soit appuyée d’une autre réforme ayant trait aux mentalités c'est-à-dire la culture, pour forger une société et un mode de vie aux antipodes de la société de consommation, du fétichisme de la marchandise, de la thésaurisation de l’argent pour de l’argent. En somme, forger un homme nouveau différent de l’homme unidimensionnel des temps modernes.

 

 

                                                                                                           Mostafa Melgou



15/02/2011
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