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Du sens de la démocratie

A deux mois des élections législatives, nous assistons à une mobilisation des partis politiques et de la société civile pour exhorter les Marocains à aller voter en masse. Motifs invoqués : défendre et consolider la démocratie. Ce qui revient à dire que si le Marocain votait, la démocratie serait préservée. Autrement dit, ce sont les élections qui conditionnent, donnent un sens à la démocratie. Faux. Exemple, la dernière élection présidentielle en Syrie pour reconduire Bachar Al Assad, candidat unique, à la tête de l’Etat. Un autre exemple, l’avant dernière élection présidentielle en Egypte, pour reconduire le candidat unique Housni Moubarak. Il s’agissait bien d’élections populaires au suffrage direct, mais les Syriens avaient-ils d’autres choix que Bachar et les Egyptiens Housni. Pourrait-on dire que la démocratie existe dans ces deux pays et bien d’autres.

Moralité : Les élections ne déterminent pas le niveau de démocratisation d’un pays et peuvent même retarder le processus démocratique. Pourquoi ? Il faut distinguer entre deux types d’élections. Celles qui ont lieu dans les pays démocratiquement avancés, où l’Etat de droit est bien enraciné. Elles sont conçues comme un moyen pour permettre l’émulation et l’alternance des programmes partisans, dans le respect des valeurs démocratiques déjà en place, partagées par toutes les strates sociales. Il s’agit là essentiellement de compétition entre classes politiques et confrontations de leurs programmes respectifs, le citoyen lambda votant ou s’abstenant, peu importe, dès lors que la démocratie est chose acquise et bien ancrée dans les mœurs. Sachez, par exemple que G.W.Bush a été élu Président des USA avec environ 43% seulement des Américains qui avaient voté. Quoi de plus normal. Autrement dit, 57% des Américains ne s’étaient pas déplacés pour voter, donc ne s’étaient pas impliqués dans une course entre Démocrates et Républicains. Mais ces Américains qui n’avaient pas voté, sont rassurés que leur démocratie fonctionne, avec ou sans Bush.

A l’opposé de ces élections – moyens telles qu’elles fonctionnent dans les pays démocratiques, il existe l’autre type d’élections, c’est à dire les élections fin en soi telles qu’elles sont conçues dans les pays démocratiquement moins avancés. Le souci des gouvernants, avec la complicité de la classe politique est de faire croire aux populations que déjà organiser des élections est un acte hautement démocratique et qu’aller voter est un acte hautement patriotique. Corollaire. Après l’organisation des élections et le vote le 7 septembre prochain, la démocratie sera au rendez-vous et le Marocain n’aura plus qu’ à s’en délecter voire s’en assouvir, dans l’attente d’une prochaine étape de manifestation démocratique.

Faut-il donc le rappeler, ce genre d’élections n’a rien à voir avec la démocratie, pire encore, il la retarde pour ne pas dire assassine tout espoir de démocratisation, dès lors que le Marocain croit vivre dans la démocratie, la sienne, c’est à dire une démocratie - illusion.

                                                                              Mostafa Melgou

Prochain article sur ce blog : Jalons vers une démocratie au Maroc.



12/07/2007
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