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Combattre la corruption : Mode d’emploi

Tout le monde s’accorde pour reconnaître que la corruption est un profond mal qu’il faut éradiquer de notre société. Elle ré-instaure le pouvoir du « cens » et partant vide la notion de l’Etat de droit de sa substance. Elle est préjudiciable à l’Economie et entrave toute velléité d’ouverture démocratique.

Je précise toutefois qu’il serait injuste de jeter toujours son dévolu sur l’autre. La corruption est un phénomène de société, touchant gouvernants et gouvernés. Une autre précision me paraît tout aussi importante : Il ne faut pas que le discours sur la problématique de la corruption soit l’occasion pour purger nos passions.

C’est pourquoi mon billet se veut un modus- operandi de ce que devrait être la démarche pour lutter contre la corruption.

La première étape, plutôt un préalable incontournable, serait un vouloir populaire de lutte contre la corruption fortement exprimé. Ce vouloir s’avérerait vain, s’il n’est pas appuyé d’une volonté politique au plus haut niveau, avec des signaux forts.

A partir de là, il me paraît judicieux de faire l’état des lieux pour faire un diagnostic objectif et juste de ce mal. Sachant qu’il est très difficile de sommer du délit de la corruption en l’absence de preuves tangibles, sauf dans certains cas de flagrants délits, je propose d’instituer la notion de « présomptions » fortes, en lieu et place de preuves. Ce faisant éviterait l’écueil de l’apport de preuves. Le Conseil de Doléances « Diwan Al Madalim » pourrait bien constituer une chambre d’enregistrement de réclamations de cas de corruption, avec l’objectif de construire une base de données, permettant d’établir un « track record » qui appuierait les présomptions éventuelles. Un groupe de travail de trois à quatre personnes relevant de l’autorité du Diwan pourrait bien réussir cette mission de diagnostic.

Le diagnostic ne peut conduire à plus de deux scénari. Soit la corruption en est encore au stade anodin, c’est à dire l’affaire de quelques véreux égarés et malades. Auquel cas, l’on se contenterait de mesures préventives, telle l’incitation à plus de civisme, à travers des discours vertueux et moralisants. Le deuxième scénario sur le quel pourrait déboucher le diagnostic serait que la corruption est bien enracinée chez nous et que notre tissu social est bien entamé, voire gangrené. Pire si le diagnostic conclut à une « kleptocratie » qui ne dit pas son nom. Auquel cas il faut passer à la vitesse supérieure, à savoir prendre des mesures curatives et opérer la «Césarienne » pour extirper le mal de la corruption.

Quelques remèdes curatifs me paraissent aisément envisageables :

  • Au niveau de la judicature : considérer le délit de la corruption comme étant une trahison contre sa société ou mieux encore, comme étant un crime contre l’ «Humanité», notre humanité à nous, Marocains. Un chiffre : les créances en souffrance représentent 10,20% des crédits à notre Economie. Le P&L des banques est plombé à un degré ou un autre, en fonction de la qualité de leurs portefeuille, avec un pourcentage réglementaire minimum de 20% en dotations aux provisions pour créances douteuses. Il faut bien le préciser, ce niveau de créances en souffrance n’est pas uniquement le fait de risque inhérent au métier. L’affaire du CIH, de BNDE ne sont pas loin de nous. Ne sommes-nous pas devant des situations de crime contre notre pays ?
  • Au niveau opérationnel : mettre en place une escouade anti-corruption à constituer d’agents triés sur le volet et reconnus pour leur probité. Munis de plein pouvoir, ces agents pourchasseront pour les débusquer tout «délinquant», dont l’acte de corruption aura été fondée sur des présomptions solides.

Les media doivent être mis à contribution pour publier les photos des corrompus avérés, en élaborant sur l’origine de leur richesse et en le mettant à l’indexe comme étant des «personae non grata »

                                                                                    Mostafa Melgou



22/05/2007
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