zankana

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Cherté du crédit et accusations téméraires des banques.

Je lis ici et là que le pricing du crédit bancaire est cher dans notre pays- et c’est juste- mais en faire endosser la responsabilité aux banques me paraît relever du jugement téméraire. L’on corrigerait certainement cette idée préconçue si l’on savait comment se forme les taux d’intérêts bancaires.

Les banques sont des sociétés commerciales dont le produit fini est l’argent qu’elles louent sous forme de crédits à la clientèle, moyennant un revenu (loyer) d’intermédiation, l’intérêt. L’élément de base dans la formation du taux d’intérêt s’appelle le coût marginal de ressources marginal ou « marginal funding cost » qui n’a rien à voir avec le coût moyen de ressources des dépôts rémunérés de la clientèle qui, lui le coût, constitue la base de calcul du PNB. Le CRM, par convention entre les banques parce que plus commode et plus homogène que le coût moyen qui varie d’une banque à l’autre, présentant ainsi le risque de privilégier certaines banques au détriment des autres en assurant à l’ensemble des banques de gagner de l’argent, car le système bancaire Marocain est au service du politique. Le CoF  est indexé sur les taux des Bons du Trésor qui à leur tour sont   indexés sur le taux  directeur de BAM. In fine c’est ce dernier qui constitue le taux de référence ou taux de base du CRM. L’autre coût en facteur retenu dans la formation du taux d’intérêt appliqué aux crédits s’appelle la prime de risque, convertie en points de base en fonction du niveau des dotations aux provisions pour créances en souffrance sur les crédits distribués par banque. En définitive ce sont ces deux facteurs le « Marginal cost of funds » et la prime de risque qui représente la pierre angulaire dans la formation du taux d’intérêt. Quant au « processing cost per transaction» qui doit faire partie intégrante du taux d’intérêts les banques Marocaines y sont peu regardantes. Et les marges d’intermédiation qu’engrangent les banques au passage, où sont elles me diriez-vous ? Compte tenu de la guerre actuelle des taux entre banques le spread sur le coût marginal a tendance à la baisse et le meilleur mark-up sur le CRM ne dépassent guère 2%. Après ce préambule de méthode, comment peut-on rendre l’accès au crédit à meilleur taux pour la clientèle ? 

Les banques sont interpellées pour user de plus de pédagogie envers leur clientèle afin de les aider améliorer leur profil risque, les disciplinant en leur inculquant les valeurs et principes de l’éducation financière.

Le deuxième champ de réflexion est celui ayant trait au taux directeur de BAM. Il est toujours maintenu à 3,25%. Cela revient à dire que c’est ce taux qui constitue le taux de référence du marché monétaire et in fine détermine le coût des ressources des banques. Sur un autre registre et sachant que ce taux directeur est théoriquement indexé sur le taux d’inflation, il serait peut-être opportun de le réduire en deçà de ce seuil pour qu’il tourne autour de 1,25 à 1,50% si véritablement le seuil actuel de l’inflation demeurait cantonné à 1%. Cet ajustement à la baisse par indexation du taux directeur au taux d’inflation, offrirait un grand soulagement aux banques en termes de refinancement auprès de la BAM et aura un impact très positif sur les taux d’intérêts bancaires avec pour corollaire une impulsion du volume des crédits qui d’une façon ou d’une autre finira par booster la croissance économique dont le Maroc a tant besoin. L’orthodoxie financière de BAM tout comme l’orthodoxie budgétaire dans la gestion des finances publiques ne sont pas une finalité en soi, dès lors que ce qui doit être recherché in fine c’est le bien être du Marocain et non pas de réussir un examen de passage en arithmétique financière.

L’autre registre est plus pédagogique que financier mais il aura des retombées très positives sur la qualité des risques pris par les banques et partant sur la liquidité de leurs PTF et in fine sur le niveau de leur Risk weighted asset ( RWA) ou actifs mesurés risque.

Les banques par exemple tenues de communiquer davantage sur la notion de rating et ses déterminants de même que sur le lien de ce rating avec le coût du crédit partant du principe que plus un risque est élevé plus le crédit y rattaché est cher. Bien entendu et en vertu du dispositif prudentiel Mc Donough ou Bâle 2, les banques sont tenues de noter leur risque de contrepartie c’est le risque de crédit . Ce sera un exercice pédagogique de communication qui sera un prélude à la dissémination d’une certaine culture risque dans le marché de l’entreprise. Les effets bénéfiques aussi bien pour l’entreprise que pour la banque. Pour la première elle apprendra à améliorer son profil risque et accèdera plus facilement au crédit avec moins de sûretés que ce soit réelles ou personnelles et à des taux négociés en bonne posture ; pour la banque ce sera une exposition ( exposure) de bonne facture, donc moins de crédit malades  et ipso facto moins de dotations au provisions pour créances en souffrances. Il en résultera plus de ressources à mettre à la disposition de la clientèle. Un véritable cercle vertueux qui s’installe. Un exemple entre autres, le banquier doit au moment de la discussion avec un client à l’occasion d’une demande de crédit de négocier avec le client des clauses contractuels et de covenants financiers que l’entreprise s’engagera à respecter tant l’objectif recherché par ces clauses et covenants n’auront pas été atteints- consolidation du tangible networth, dégraissage d’un actif d’exploitation pléthorique, réduction du leverage à un niveau cohérent avec le niveau de l’activité et les capacités financières de l’entreprise.   

                            

                                                                                                           Mostafa Melgou



13/01/2011
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