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Austérité et déflation : quel rapport ?

Quelques économistes et non des moindres reprochent à la BCE sa phobie de l’inflation

(tadakhoum) qui la rendrait aveugle d’une grande menace, la déflation (Inkimach). Celle-ci  est définie comme étant la situation où un ensemble de mesures est pris pour réduire le volume de la masse monétaire, en agissant sur ses contreparties ( principalement le crédit) ou sur ses ressorts ( l’offre, la demande et le budget de l’État) .La déflation est considérée comme étant plus pernicieuse que l’inflation, parce qu’elle provoque une spirale baissière de la demande en premier et de l’offre- production par ricochet ensuite. Enfin, la déflation est préjudiciable aux pays endettés dès lors qu’elle renchérit la dette au moment du remboursement.

Des économistes et mêmes quelques politiques commencent à faire le parallèle du risque déflationniste qui guette l’UE avec la déflation ayant sévi et étouffé la croissance Japonaise  durant la décennie 1990. Adam S.Posen du  comité de la politique monétaire de la banque d’Angleterre a déclaré que l’Europe et les USA, dans une moindre mesure, vivent aujourd’hui les mêmes problèmes que le Japon en 1995.

La BCE a réussi une seule chose, c’est d’avoir pu cantonner le taux d’inflation dans la zone Euro- 16 pays- à 1,5% , en dessous du seuil de 2% toléré par les banques centrales. Mieux  encore, le taux du «core inflation»  a été ramené à 0,7% en avril 2010 au lieu de 0,8% en mars. C’est dire que la pression à la baisse sur les prix trouve ses origines dans la décroissance économique ayant résulté de la crise financière de 2008, de même que dans la  crise de la dette souveraine qui secoue bon nombre d’États de l’Union. En guise de solutions  les gouvernements de l’UE, y compris l’Allemagne, sont en train de réduire drastiquement leurs déficits budgétaires, ce qui ne manquera d’impacter négativement la demande, de relever le taux du chômage et de pénaliser la croissance.

Le véritable défi pour les décideurs politiques interviendra dans les mois et années à venir l’Espagne, la Grèce et le Portugal peinant à retrouver leur compétitivité sur les marchés internationaux. N’ayant pas de monnaie qui leur est propre, donc ne pouvant dévaluer une monnaie qu’ils ont en commun ( l’Euro) avec d’autres, ces pays n’ont d’autres choix que de faire des coupes douloureuses sur les salaires, pour les rendre inférieurs aux salaires pratiqués en Allemagne ou en France. L’effet induit des réductions de salaires et des dépenses publiques ne sont pas sans exercer une pression à la baisse des prix, qui  présente à son tour un risque additionnel de nourrir la déflation. La BCE affrontera de plus en plus de difficultés lors de la mise en place de politiques monétaires devant convenir à la fois aux économies performantes et aux économies qui battent de l’aile. C’est dire la subtilité requise pour entreprendre le dosage idoine. Par exemple la Grèce qui s’est engagée sur la voie de l’austérité pour obtenir le bail-out (l’aval) de l’UE et du FMI. La question qui se pose ici est de savoir si les coupes sur les salaires et autres avantages sociaux peuvent être supportées par les citoyens surtout à terme, car la déflation rend la croissance impossible en Grèce sans effet de levier (leverage). Le bail- out vise tout simplement à donner pour quelque temps un peu d’oxygène à l’économie Grecque qui a besoin de beaucoup de réformes de structure à commencer par le « pattern » comportemental des Grecs et leur penchant au farniente. De plus réduire les salaires et augmenter les taxes restent sans effet s’ils ne sont pas accompagnés d’une réforme fiscale pour atténuer les effets du marché noir. Ils restent aussi sans effets sans un combat farouche contre l’évasion fiscale pour augmenter les recettes publiques.

Quelques économistes de renom néanmoins ont bien peur que de telles mesures d’austérité  risquent de tuer le patient, même s’ils considèrent que le désastre économique grec représente un signal d’alarme aux autres membres de l’Eurozone, qui doivent retenir la leçon grecque avant que la spéculation galopante ne sape toute l’unité monétaire Européenne.

Mais une austérité en chaîne risque d’entraîner l’ensemble de l’UE dans une phase de faible croissance forcée qui aggrave déjà le chômage (10%), étreint les dépenses publiques, rend ombrageuses les banques elles-mêmes et in fine rend hypothétique le« debt service capacity ».

Comment les Grecs vont-ils rembourser leurs dettes en situation de déflation? s’interroge Jean Paul Fitoussi professeur d’économie à l’ Institut des Études Politiques (IEP) à Paris.  Et d’ajouter que le cercle vertueux de contenir l’inflation mène à l’enfer, les sciences économiques n’ayant rien à voir avec une vertu qui tue l’économie.

A bon entendeur…..

 

 

                                                                                          Mostafa Melgou      



11/09/2010
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