zankana

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Ah, la presse économique marocaine !

Elle a été introduite, tout comme les quotidiens d’information par le Protectorat Français. Les Marocains de ma génération se souviendraient encore de l’Agence Mass, du " Petit Marocain " et de la " Vigie " ou de la " Vie Economique " du temps de Herzog et J.J.Servan Shreiber. La presse économique ne s’est pas développée depuis. Elle reste, aujourd’hui pauvre en titre. Tout au plus, les doigts d’une main. C'est dire que le lecteur n'a pas beaucoup de choix à faire. Cette presse se contente de compiler des faits divers ou récits à relents économique, pour faire de la "masse" ou du volume, plutôt que de procéder à des analyses de ces mêmes faits et de les placer dans leur contexte, pour en prévoir les implications futures. La raison à cela est évidente, c'est un déficit de profils rompus à la science économique, dans les équipes de la rédaction. Nous le constatons à l'occasion d'entretien avec tel ou tel pseudo économiste ou avec le Ministre des Finances. Le journaliste de la presse économique, affiche une attitude passive, celle d'un apprenant, en train de découvrir les règles basiques de la science économique. Il donne, ainsi, de l’assurance à un interviewé- économiste, qui, d’un air hautin, pourrait lui raconter des "vertes" et des pas "mûres", sans possibilité de mise au point par notre journaliste, qui n'est pas outillé pour ce genre de sujets.
Le plus inquiétant, à mon avis, c'est que le débat économique dans notre environnement marocain est étriqué, compte tenu de la formation orientée plutôt "histoire de la pensée économique", de nos économistes, souvent augustes hôtes, toujours les mêmes, de la presse économique.
Les sciences économiques ont beaucoup évolué durant les dernières décennies, en raison notamment des profondes mutations du paysage financier, avec l’implémentation de N.I.F ( nouvels instruments financiers). En tant que doctrine, de Adam Smith à Keynes, en passant par Ricardo, les sciences économiques sont aujourd'hui dépassées. Il suffit de connaître les thèmes élaborés par les prix Nobel en Economie, pour s’en rendre compte.

Ne peut plus se targuer aujourd'hui d'être chercheur en économie, celui qui n'a pas une bonne maîtrise du monde de la finance, de la banque et de la gestion des entreprises. J'entends par là une expertise dans  l'analyse des flux monétaires et financiers ( micro & macro), le rôle des banques dans le développement économique ou encore dans la consécration des disparités sociales ? La spirale de l’endettement des pays pauvres ? L’interaction entre réforme bancaire et démocratie ? Les groupes qui s’accaparent le PIB, en amont ? L’inique rapport 20/80 en aval, c’est à dire au niveau de la répartition ; causes et conséquences ? La nomenclature des investissements au Maroc par panels - spéculatif, rachat d'actifs existants, blanchiment...etc) ?.

Autant de thèmes qui concernent en premier lieu le Marocain, mais sur lesquels la presse économique nous laisse sur notre faim, pour ne pas dire fait dans la désinformation soit par ingonorance et c'est inadmissible ou préméditée et c'est assassin.

Last but not least, et c’est tout récent, notre presse économique avait brillé par son absence, alors que de gros abus avaient été enregistrés chez certaines banques, lors de l'opération d'introduction en bourse de CGI, tel l’exonération de certains gros clients du dépôt préalable requis à la souscription ou pire encore, le fait que les mêmes banques n’eussent pas comptabilisé des engagements donnés, pour le compte des mêmes gros clients, dans le cadre de la souscription à L’OPA CGI.

Un registre sur lequel, il y a à boire et à manger.

Mostafa Melgou



17/10/2007
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